vendredi 16 décembre 2016

LE DATA JOURNALISME, UN VENT DE FRAÎCHEUR!

L’expression provoque, au minimum un rictus chez le commun des sénégalais. Il prendra pour des pervers, tous ceux qui s’évertueront à l’utiliser dans leurs phrases, vu la référence qu’elle pourrait renvoyer dans la langue populaire sénégalaise. Loin d’être une expression qui heurte la bienséance au pays de la Téranga, le data journalisme, autrement journalisme de donnée, est un nouveau souffle dans la profession, qui permet aux journalistes d’informer avec acuité et de façon plus détournée, et plus agréable pour le public.
    Un journalisme plus scientifique, à la limite mathématique, où l’outil premier du reporters n’est plus le micro où la plume mais la machine à calculer ou le logiciel Exel, ça existe. Bombarder les téléspectateurs où les lecteurs de chiffres, assez recherchés, pour l’informer avec plus de précision, tel est en quelques sortes le fondement du journalisme de donnée. Le data journaliste manie les chiffres comme le poète manie les mots. Il va les puiser sur le net, sur des rapports de séminaires ou de colloques, dans les bases de données des ministères etc… Un travail de recherche, d’investigation pour trouver les données pêle-mêle, pour la plupart secs, et en faire sa matière première. Il les simplifie, les analyses, les compare avec d’autres données pour en ressortir des informations d’intérêt général.
Le data journaliste est sans doute avec le journaliste d’investigation celui qui découvre le plus scoop dans sa carrière. En faisant des analyses quotidiennes sur des chiffres, il reconstitue des informations  éparses comme un puzzle désintégré, et découvre des connaissances jamais explorées…

Data Gueule, émission courte produite par premières lignes qui passe sur France télévision, une référence dans le monde francophone, en data journalisme, primé à de maintes reprises.

Quid d’un data journalisme sénégalais ?
Est-ce qu’il existe ? Une question difficile à répondre. Mais le constat est tout de même sans équivoque. Il n’y a pas, enfin, à notre connaissance une émission ou chronique exclusivement dédié à aux chiffres au Sénégal. Cependant les journalistes sénégalais utilisent parfois les chiffres dans leurs reportages et différentes productions. Mais ça s’arrête souvent là. Il y a peu de projection, d’études statistiques comparatives et d’analyses scientifiques des données. Souvent, on assiste à des comptes rendus de chiffres publié par l’ANSD, le FMI etc… mais rarement au-delà. Quand une fois des tentatives de papiers plus ou moins fouillé sur des chiffres sont faites, les journalistes ont du mal à simplifier les données pour le public, à les rendre plus consommables. La raison ? Sans doute parce que le data journalisme n’est pas appris au Sénégal dans les écoles de journalisme…

La presse sénégalaise a en tout cas plus que jamais besoin d’emprunter ce nouveau cap. Déjà qu’elle bute sur le journalisme d’investigation, l’autre nouveau souffle de la profession, elle a intérêt, à un moment où elle livre des actualités parfois rigides et lassantes, et pour se relancer davantage, à faire voyager téléspectateurs, lecteurs et auditeurs, dans l’univers des chiffres.

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