Alioune Ndiaye en train d'expliquer les méthodologies de la critique d'art aux journalistes |
« L’artiste crée, on ne lui demande pas de faire de la littérature
sur son travail », cette fonction est attribuée aux critiques d’arts, une
assertion du co-fondateur de l’Académie Internationale des Arts, Alioune Badara
Badiane. Il a animé en compagnie du juge de l’art Sylvain Sankalé et du
journaliste critique d’art, Alioune Ndiaye, une formation pour les journalistes
culturels du Sénégal. Une occasion pour mesurer la complexité, du métier de
critique d'art.
« Le critique d’art émet un
jugement sur une œuvre d’art. C’est quelqu’un qui possède un savoir sur l’art.
Il aime l’art. Il doit pouvoir juger la qualité d’une œuvre d’art. Il doit
avoir une grande connaissance des œuvres d’art. Il doit fréquenter
régulièrement le vernissage et les artistes. Il doit susciter le gout du public,
l’éclairer, le conseiller. Il suit la carrière d’un artiste, assiste à
l’avant-première et à toutes les publications de cet artiste ». Ces
précisions sont du tout récent auteur d’Omar Pene, un destin en musique,
le docteur en Esthétique et philosophe de l’art, Babacar Mbaye Diop présent
lors de cette formation. Cependant il faudrait faire la nuance entre le
critique d’art et le journaliste critique d’art. On n’est pas obligé d’être un
journaliste pour être un critique d’art. D’ailleurs toutes les grandes galeries
d’art ont en leur sein un critique, chargé d’éclairer le public.
Pour parvenir à cette fin, le
critique est appelé à suivre une méthodologie très variée. Il a le choix et la
liberté d’adopter une diversité de
formes d’analyse et d’interprétation. Le journaliste culturel Alioune Ndiaye s’est
chargé de présenter ces différentes méthodologies au cours de la formation. A
l’aide d’un document Power Point, intitulé Ecrire sur l’art, savoirs et
méthodologies, il a suscité l’attention des journalistes avec sa
présentation limitée tout de même sur les arts visuels (plastiques), par
opposition aux arts scéniques (théâtres, conte etc). Selon lui avant de procéder à
une quelconque analyse, il faut au journaliste une connaissance des :
techniques picturales, des chromatiques et des mélanges, de l’histoire de l’art
et des théories de l’art. Aussi pour pénétrer une œuvre, selon le professeur
d’éducation artistique Alioune Badara Badiane, il est incontournable de passer
par son format, sa composition, ses formes spécifiques internes, ses couleurs,
ses matières, et son titre. Ces connaissances et ces subtilités acquises, le
critique a les prédispositions pour faire un discours pertinent sur les œuvres
d’art. Alioune Ndiaye préconise ainsi cinq méthodes d’analyse des œuvres d’art.
Une Critique Circonstancielle, où l’on interroge le contexte
dans lequel l’œuvre est née et est donnée aux spectateurs, en retraçant
l’origine de l’artiste et son itinéraire ; une Critique Médicale
(Psychocritique), qui se base sur une approche psychanalytique, en recensant un
grand nombre d’œuvres produites par l’artiste pour chercher les relations entre
les thèmes abordés afin de dénouer le mythe personnel de l’artiste; une Critique Totalisante ou Existentialiste, théorisée par Jean Paul Sartre, qui se
base sur les influences des contradictions sociales dans l’œuvre de l’artiste
en étudiant le sens profond du signe à travers des interprétations
psychanalytiques; une Critique d’Echos ou de Confidence en laissant à l’artiste
faire sa propre interprétation de son œuvre ; et enfin une Critique de Composition en décortiquant l’œuvre à travers ses aspects (couleurs, formes…).
En plus de ces cinq méthodes, on a une sixième qui
s’intitule, la Critique Liberthophile. Celle-ci bafoue toutes les règles de
l’art et a comme théorie : « : l’artiste dispose d’une totale
liberté de créer, comme le critique de critiquer ». Mais son inconvénient
est que, quiconque peut s’autoproclamer, critique d’art.
Le journaliste critique d’art doit avoir également une
certaine prudence dans l’analyse des œuvres d’art. Ainsi selon Alioune Badara
Badiane « Dire qu’une œuvre est originale est risqué. Il faut connaitre
d’abord l’histoire de l’art et de ses œuvres ». D’où une éthique
indispensable pour susciter une crédibilité dans l’analyse. Le juge de l’art
Sylvain Sankalé dira à ce propos qu’ « admettre qu’un travail n’est
pas bon est libre, mais dire qu’il est copié sans preuves est
malhonnête ». Ainsi le principal danger est la complaisance à l’artiste,
qui vous à inviter à couvrir son vernissage ou son exposition. Sankalé de
renchérir à ce propos que : « vous ne devez pas tromper
(intentionnellement) les gens qui vous lisent. C’est l’éthique qui doit vous
guider ».
Il n’est ainsi pas simple d’être un journaliste critique d’art,
tant cette spécialité est exigeante. L’art en tant qu’activité qui reflète
l’humanisme des individu a ses mystères, d’où la nécessité d’avoir des
spécialistes capables de les dévoiler. L’art participe à développer la sensibilité
des hommes. Selon Alioune Badara Badiane il a même « sa place dans
l’éducation des hommes ».
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