dimanche 24 avril 2016

JOURNALISTE CRITIQUE D’ART, UNE EXIGENCE SUPRÊME

Alioune Ndiaye en train d'expliquer les méthodologies
de la critique d'art aux journalistes
« L’artiste crée, on ne lui demande pas de faire de la littérature sur son travail », cette fonction est attribuée aux critiques d’arts, une assertion du co-fondateur de l’Académie Internationale des Arts, Alioune Badara Badiane. Il a animé en compagnie du juge de l’art Sylvain Sankalé et du journaliste critique d’art, Alioune Ndiaye, une formation pour les journalistes culturels du Sénégal. Une occasion pour mesurer la complexité, du métier de critique d'art.

« Le critique d’art émet un jugement sur une œuvre d’art. C’est quelqu’un qui possède un savoir sur l’art. Il aime l’art. Il doit pouvoir juger la qualité d’une œuvre d’art. Il doit avoir une grande connaissance des œuvres d’art. Il doit fréquenter régulièrement le vernissage et les artistes. Il doit susciter le gout du public, l’éclairer, le conseiller. Il suit la carrière d’un artiste, assiste à l’avant-première et à toutes les publications de cet artiste ». Ces précisions sont du tout récent auteur d’Omar Pene, un destin en musique, le docteur en Esthétique et philosophe de l’art, Babacar Mbaye Diop présent lors de cette formation. Cependant il faudrait faire la nuance entre le critique d’art et le journaliste critique d’art. On n’est pas obligé d’être un journaliste pour être un critique d’art. D’ailleurs toutes les grandes galeries d’art ont en leur sein un critique, chargé d’éclairer le public.

Pour parvenir à cette fin, le critique est appelé à suivre une méthodologie très variée. Il a le choix et la liberté d’adopter  une diversité de formes d’analyse et d’interprétation. Le journaliste culturel Alioune Ndiaye s’est chargé de présenter ces différentes méthodologies au cours de la formation. A l’aide d’un document Power Point, intitulé Ecrire sur l’art, savoirs et méthodologies, il a suscité l’attention des journalistes avec sa présentation limitée tout de même sur les arts visuels (plastiques), par opposition aux arts scéniques (théâtres, conte etc). Selon lui avant de procéder à une quelconque analyse, il faut au journaliste une connaissance des : techniques picturales, des chromatiques et des mélanges, de l’histoire de l’art et des théories de l’art. Aussi pour pénétrer une œuvre, selon le professeur d’éducation artistique Alioune Badara Badiane, il est incontournable de passer par son format, sa composition, ses formes spécifiques internes, ses couleurs, ses matières, et son titre. Ces connaissances et ces subtilités acquises, le critique a les prédispositions pour faire un discours pertinent sur les œuvres d’art. Alioune Ndiaye préconise ainsi cinq méthodes d’analyse des œuvres d’art.

Une Critique Circonstancielle, où l’on interroge le contexte dans lequel l’œuvre est née et est donnée aux spectateurs, en retraçant l’origine de l’artiste et son itinéraire ; une Critique Médicale (Psychocritique), qui se base sur une approche psychanalytique, en recensant un grand nombre d’œuvres produites par l’artiste pour chercher les relations entre les thèmes abordés afin de dénouer le mythe personnel de l’artiste; une Critique Totalisante ou Existentialiste, théorisée par Jean Paul Sartre, qui se base sur les influences des contradictions sociales dans l’œuvre de l’artiste en étudiant le sens profond du signe à travers des interprétations psychanalytiques; une Critique d’Echos ou de Confidence en laissant à l’artiste faire sa propre interprétation de son œuvre ; et enfin une Critique de Composition en décortiquant l’œuvre à travers ses aspects (couleurs, formes…).

En plus de ces cinq méthodes, on a une sixième qui s’intitule, la Critique Liberthophile. Celle-ci bafoue toutes les règles de l’art et a comme théorie : « : l’artiste dispose d’une totale liberté de créer, comme le critique de critiquer ». Mais son inconvénient est que, quiconque peut s’autoproclamer, critique d’art.

Le journaliste critique d’art doit avoir également une certaine prudence dans l’analyse des œuvres d’art. Ainsi selon Alioune Badara Badiane « Dire qu’une œuvre est originale est risqué. Il faut connaitre d’abord l’histoire de l’art et de ses œuvres ». D’où une éthique indispensable pour susciter une crédibilité dans l’analyse. Le juge de l’art Sylvain Sankalé dira à ce propos qu’ « admettre qu’un travail n’est pas bon est libre, mais dire qu’il est copié sans preuves est malhonnête ». Ainsi le principal danger est la complaisance à l’artiste, qui vous à inviter à couvrir son vernissage ou son exposition. Sankalé de renchérir à ce propos que : « vous ne devez pas tromper (intentionnellement) les gens qui vous lisent. C’est l’éthique qui doit vous guider ».

Il n’est ainsi pas simple d’être un journaliste critique d’art, tant cette spécialité est exigeante. L’art en tant qu’activité qui reflète l’humanisme des individu a ses mystères, d’où la nécessité d’avoir des spécialistes capables de les dévoiler. L’art participe à développer la sensibilité des hommes. Selon Alioune Badara Badiane il a même « sa place dans l’éducation des hommes ».

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