A l’occasion du carrefour d’actualité organisé le 25 Novembre 2015 au CESTI, l’économiste Ndongo Samba Sylla a passé au peigne fin le concept
en vogue actuellement en Afrique : l’émergence. Pour celui-ci les
conditions sont loin d’être réunies pour un décollage du continent noir, a
fortiori du Sénégal.
Les étudiants en journalisme du Centre d’Etude des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) ont eu droit à un exposé illustratif, clair et limpide sur toutes les problématiques liées à l’émergence, durant l’habituel rendez-vous du mercredi soir, le carrefour de l’actualité. L’invité du jour, l’éminent économiste la Fondation Rosa Luxembourg, chercheur, auteur et animateur des lundis de l’économie, Ndongo Samba Sylla à passer en revue d’importantes questions relatives au référentiel tendancieux en Afrique : l’émergence. Sylla précise que ce concept approprié par les africains au début du XXIe siècle fait suite aux discours sur la marginalisation du Continent noir du siècle précédent, sans pour autant changer ses fondamentaux.
Malgré de très grandes potentialités, des taux de croissance
records, des ressources naturelles copieuses, une population jeune et
d’importantes terres arables, l’économie africaine, selon Ndongo Samba Sylla
présente des contraintes significatives.
« Croissance sans profondeur»
La croissance africaine, telle que présentée par l’animateur
des lundis de l’économie, aurait des allures d’une coquille vide. Certes, le
continent noir réalise des taux de croissance très importants (entre 2000 et
2010, 6 pays africains ont eu un taux supérieur à 8%, 9 pays, un taux de
croissance supérieur à 6% et 15 pays un
taux supérieur à 4%), mais celui-ci ne profite qu’aux investisseurs étrangers.
L’économiste de renchérir que l’Afrique verse plus de profit à l’extérieur que
l’Union Européenne ou la Chine. C’est ce qui lui fait dire que « l’Afrique
n’émerge pas ».
La croissance du continent noir, exogène, s’articule de plus,
sur une économie peu diversifiée. Pour Ndongo Samba Sylla, l’Afrique est trop
dépendante de ses matières premières, qui occupe plus de 90% des exportations
des pays comme le Nigéria et l’Angola.
« Le PSE est un plan clé en main »
Le panéliste n’y est pas allé par quatre chemins lorsqu’il a
abordé le thème du Plan Sénégal Émergent : « C’est une synthèse de
documents économiques. Ce n’est pas un plan made in Sénégal ». Le document
sur le PSE de l’Etat du Sénégal présente ainsi beaucoup de lacunes :
-Sur le plan conceptuel, l’économiste signale que nulle y est
mentionné les critères de l’émergence d’un pays.
-Il caricature l’objectif de la croissance de 7% d’ici 2035
du PSE, en signalant que si le PSE atteint effectivement son but, le Sénégal
aura le niveau économique de la Colombie ou du Guatemala.
Ndongo Samba Sylla termine en présentant toutes les autres
contraintes relatives à l’environnement macro-économique du Sénégal, avec ses deux
ennemis, le Franc CFA et les Institutions de Breton Woods. Il pense que seule
l’unité du continent noire permettra à ce dernier de relever la tête, en se départissant de ses différentes formes de dépendances.
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