jeudi 17 décembre 2015

CINEMA : DAKAR TROTTOIR, JOYEAU D’HUBERT LABA NDAO


 Dakar Trottoir nous plonge dans le « Dakar by night », dans les quartiers défavorisés de la capitale, où le chômage et le manque d’occupation pousse les jeunes à aller à l’encontre des normes, à choisir des voies peu recommandées pour survivre. Le jeu du chat et de la souris entre policiers et délinquants, le trafic de drogue, l’amour passionné entre Sirou et Sala, acteurs principaux du film, ajoutent du piquant à ce long métrage d’Hubert Laba Ndao, qui aura usé de tout son talent de réalisateur pour nous sortir une œuvre autant inspirée qu’audacieuse.


Un scénario rocambolesque
Dakar Trottoir se construit autour d’un personnage de taille moyenne, intriguant et téméraire, Sirou. Il est à la tête d’un petit gang, avec ses hommes secondés de ravissantes jeunes filles, dont Sala sa compagne, d’une bravoure égale celle de son mari. Ils abritent dans une modeste maison dans un quartier défavorisé, près de la mer. Leur activité principale se tourne autour du trafic de drogue. Complémentaires et bien organisés, Sirou et sa bande arrivent grâce à leur complicité à dérouter la police.
Sirou est approvisionné en marchandise par son père Padre, qui, impressionné par l’efficacité de son fils l’introduit au Boss, grand baron de la drogue de la ville, pour passer à la vitesse supérieure dans le trafic.
La police tentera par l’infiltration, à démanteler le réseau de Sirou sans succès. Finalement c’est à la suite d’une bagarre, que Sirou rongé par la jalousie, tua malencontreusement un bonhomme qui fleuretait avec Sala. Il venait ainsi d’offrir sur un plateau d’argent à la police enfin, la preuve qu’elle cherchait désespérément. Démarre alors une course poursuite. Sirou prend la poudre d’escampette. Il sera néanmoins arrêté plus tard.
Il réussit à s’évader de la prison. Obnubilé a retrouvé sa bienaimée, Sirou recherche dans les quatre coins de la ville Sala. Cette dernière entre temps était tombée dans les bras du Boss. C’est en plein ébat sexuel que Sirou récompensé dans ses recherches les retrouve. Furieux, notre protagoniste poignarde mortellement le boss avant de découvrir que Sala était enceinte de lui. Sirou ne sortira pas vivant de la maison. Il sera tué à son tour par une autre femme qui y résidait.

Une réalisation digne d’Hollywood
Hubert Laba Ndao nous a montré toute sa panoplie dans ce long métrage. Avec surtout ses travellings inspirés qui nous amenait au cœur de l’action, la richesse et la diversité de ses plans, il a su mettre en valeur à merveille ses acteurs, qui ont su aussi tiré leur épingle du jeu. La majorité du film est fait en nocturne, le directeur de la photo aura fait un travail remarquable, on se croyait en face d’un box-office américain! Les images étaient splendides.
Malgré qu’il n’était que fiction, Dakar trottoir a su son plongé les téléspectateurs dans environnement réel, celui qui rythme la nuit dakaroise dans certains quartiers défavorisés. Agressions, trafic de drogue, et bagarres nous ont été livrés avec une dextérité phénoménale. L’émotion du téléspectateur a été mise à rude épreuve du début à la fin. Même les scènes qui peuvent paraître obscènes pour un certain public ont été méticuleusement soignées pour ne pas choqué les profanes. L’audace du réalisateur est ainsi à saluer. Il a su naviguer sur plusieurs thèmes, convoquer plusieurs genres (action, horreur, amour etc…) dans une symbiose rodée.
Depuis 2012 et la sortie de ce chef d’œuvre du réalisateur sénégalais, Dakar Trottoir à fait plusieurs festivals et remporté des prix. Le cinéma sénégalais a tellement besoin d’autres œuvres similaires, car concurrencé par celui des pays qu’il devançait de loin des années plutôt (Mauritanie, Burkina Faso, Maroc..). Ousmane Sembène ou Djibril Diop Mamebety, qui ont donné au 7ème art sénégalais ses lettres de noblesse en serait bien fiers.

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