dimanche 24 mai 2015

LE PSE: DES OBSTACLES!

Le rêve est beau, le projet merveilleux: atteindre l'émergence à l'horizon 2035, rompre avec notre passé d'éternel pays sous-développés, frapper la porte des plus grands. Quel sénégalais est indifférent à une telle perspective? Mais le parcours pour arriver à ce summum est parsemé d’embûches.


Le concept est de plus plus en vogue: l'émergence. Apparue dans les années 80, l'émergence identifie les pays dont le PIB est inférieur à celui des pays sous-développés mais qui connaissent une croissance économique fulgurante avec un niveau de vie qui se rapproche de celui des pays développés. C'est est en quelque sorte un stade intermédiaire entre développement et sous développement. Plusieurs pays, notamment les BRICS se sont inscrits dans la dynamique et deviennent désormais les références des Pays les moins avancés.
Le Sénégal, naturellement se mêle dans la course et compte atteindre ce statut d'ici deux décennies. C'est en fin 2012 que le Président Macky Sall, a fait volte-face sur son programme de campagne, Yonu Yokute pour embrasser celui qui colle le plus à la tendance: le Plan Sénégal Émergent ou PSE. Ce plan vise l'émergence économique en 2035, avec une croissance économique soutenue qui influe sur le développement humain en s'appuyant sur les points forts du pays notamment la stabilité et la démocratie.
Toutefois les entraves l'élaboration effective du plan pointent de jours en jours le bout de leur nez. On en identifie:

Le manque de consensus politique autour du projet.
Fixer un horizon à moyen ou à long terme sans trouver une convergence d'opinion de toute la classe politique pose un grand problème. Il est sûr que le Président Macky Sall ne sera pas aux commandes jusqu'en 2035. Il n'est même pas sûr de décrocher un deuxième mandat en 2017 ou en 2019. Ainsi son successeur perpétuera difficilement le PSE, a fortiori que toute l'opposition actuelle critique vigoureusement le programme. Le risque de passer à un nouveau référentiel économique avec le prochain régime est très élevé.

La dépendance totale de l'investissement étranger avec ses contreparties.
Au Groupe Consultatif de Paris de 2014, le Sénégal a reçu des promesses de financement du PSE à hauteur de 3000 Milliards de Fcfa alors qu'il ne cherchait que 1857 Milliards. En Février 2015, le taux de mobilisation du financement avait atteint les 34%. Le rythme est plutôt très bon, mais là ne se trouve pas le problème.
Le PSE donne l'apparence d'un projet sénégalais mais sous la propriété étrangère. Le Sénégal est obligé de tendre la main aux investisseurs pour mettre en oeuvre un programme de développement. Il pourrait certes difficilement faire autrement, mais un tel cas de figure montre inéluctablement que sa prétendue émergence sera exogène et profitera plus aux investisseurs qu'au pays. Autrement dit, avec les IDE, l'émergence du Sénégal sera plus l'émergence des investisseurs. D'où la contraignante contrepartie.

Le caractère faux de la supervision du FMI, et les autres contingences défavorables.
Lors de sa visite en Janvier 2014 à Dakar la directrice générale du Fond Monétaire International, Christine Lagarde avait affirmé dans un communiqué: "j'ai félicité les autorités de l'ambitieux programme de développement qu'elles ont proposé (..)mais ils(les objectifs) sont réalisables s'il y a une rupture radicale avec le passé". Du bis repetita!
La rhétorique ne change pas. Depuis des décennies, le FMI dicte la politique économique de nos Etats. L'histoire nous a montré qu'il n'a jamais impulsé l'essor d'aucun pays. Au contraire, il constitue plutôt un obstacle au développement. Certes le Sénégal devrait marquer une rupture par rapport au passé, mais les vraies ruptures devraient être l'apanage des institutions de Breton Woods. Leur objectif est plutôt, tout faire pour que les pays s'inscrivent dans un marché mondialisé, où l'on sait qu'avec la dictature du capitalisme, les grands pays, les grandes entreprises sont d'aucun pitié pour les petits.
 Un autre obstacle est lié à l'environnement économique du Sénégal dans le cadre de l'UEMOA avec sa contraignante monnaie, le Fcfa. Cette monnaie qui fait toujours l'affaire de la France comporte de loin plus d'inconvénients que d'avantages. Les performances économiques deviennent plus difficiles dans de telles circonstances.

Suivant toutes ces limites, on est censé dire que le PSE est un projet improbable, utopique. Espérons bien que l'avenir nous démentira!

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