L’Union
africaine de radiodiffusions (Uar) a organisé hier à Dakar une rencontre entre
les télévisions publiques d’Afrique. Les discussions ont concernées les droits
télé pour la diffusion des événements sportifs notamment la Coupe d’Afrique des
Nations (Can). Ces droits ont flambé démesurément lors de la dernière édition
de la Can en 2015, passant de 450 millions à 900 millions.
L'augmentation exorbitante des droits télé de la Can a alerté les directeurs des télévisions nationales. La
Confédération africaine de football, organisateur de la Can est propriétaire
des droits télé. Elle vend les droits par le truchement d’une société française
qui fait office de négociateur. Cette société a beaucoup contribué à la flambée
des prix. La diffusion de ces événements sportifs est souvent une exigence de
premier plan du public, qui dans beaucoup de pays africains, à l’image du
Sénégal est passionné de football. Ce désir ardent du public de voir ces événements sur le petit écran a pu ainsi constituer un moyen de chantage et de
pression de la Caf pour pousser les télévisons à acheter quelques soit le prix
les droits.
Mais
la surenchère sur les droits télé des événements sportifs ne se limitent pas en
Afrique. C’est un phénomène mondial. Il faut un gros chéquier pour acquérir les
grandes compétitions sportives mondiales. C’est le cas de la ligue des
champions ou la NBA. La concurrence entre les télévisions a fait exploser la
demande. Les propriétaires des droits s’en frottent les mains. En Angleterre par exemple, la Barclays
Premier League, le championnat de football réalise des rentrées incroyables grâce
aux droits télé. Pour la période 2016-2019, les télévisions Sky Sport et British
Televison ont dépensé près de sept milliards d’euro soit quatre mille cinq
cents milliards de Fcfa pour avoir le feu vert sur la retransmission des matchs
du championnat. Mais la politique de la Premier League est de redistribuer ces
ressources aux clubs contrairement à la Caf.
La
Confédération africaine de football fait une distribution très peu généreuse
des revenus tirés des droits télé. La Cote d’Ivoire, qui a remporté la dernière
édition n’a touché que cinq cent millions de Fcfa alors que la Radiodiffusion
Télévision Ivoirienne a dépensé 900 millions pour diffuser la compétition. En
outre, le prix des droits télé pour la coupe du monde de football est trois
fois moins cher que ceux de la coupe d’Afrique.
La
rencontre de Dakar d’hier a débouché sur un accord entre les 25 organismes
membres de l’Uar. Désormais aucune télévision n’est habilitée à négocier seule
l’acquisition des droits télé. Un mandat a été donné à l’Uar de négocier pour
les quatre zones géographiques d’Afrique. Ce nouveau schéma a de fortes chances
de contribuer à une baisse significative des prix des droits télé. L’histoire à
montrer qu’à chaque fois que des négociations individuelles sur l’acquisition
des droits de retransmission télé ont été menées on a assisté à des surenchères.
C’est ce qu’à relater Eric Maitrot dans son ouvrage Sport et télé, les liaisons secrètes. L’ancien directeur des études
de l’Ecole Supérieur de Journalisme de Lille a montré dans cet ouvrage la
concurrence acerbe des télévisions à partir du milieu des années 90, pour la
diffusion du sport à la télé. Cette rivalité avait conduit à une augmentation
exponentielle des prix des droits de toutes les grandes compétions sportives
mondiale.
Ainsi
en fédérant leur forces les télévisons membres de l’Uar ont mis tous les moyens
de leur côté pour obtenir gain de cause dans l’optique d’avoir des droits télé
abordables pour l’ensemble des diffuseurs de la Can en Afrique.
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