mercredi 18 mai 2016

VERS UNE BAISSE DES PRIX DES DROITS TÉLÉ DE LA CAN

L’Union africaine de radiodiffusions (Uar) a organisé hier à Dakar une rencontre entre les télévisions publiques d’Afrique. Les discussions ont concernées les droits télé pour la diffusion des événements sportifs notamment la Coupe d’Afrique des Nations (Can). Ces droits ont flambé démesurément lors de la dernière édition de la Can en 2015, passant de 450 millions à 900 millions. 

L'augmentation exorbitante des droits télé de la Can a alerté les directeurs des télévisions nationales. La Confédération africaine de football, organisateur de la Can est propriétaire des droits télé. Elle vend les droits par le truchement d’une société française qui fait office de négociateur. Cette société a beaucoup contribué à la flambée des prix. La diffusion de ces événements sportifs est souvent une exigence de premier plan du public, qui dans beaucoup de pays africains, à l’image du Sénégal est passionné de football. Ce désir ardent du public de voir ces événements sur le petit écran a pu ainsi constituer un moyen de chantage et de pression de la Caf pour pousser les télévisons à acheter quelques soit le prix les droits.

Mais la surenchère sur les droits télé des événements sportifs ne se limitent pas en Afrique. C’est un phénomène mondial. Il faut un gros chéquier pour acquérir les grandes compétitions sportives mondiales. C’est le cas de la ligue des champions ou la NBA. La concurrence entre les télévisions a fait exploser la demande. Les propriétaires des droits s’en frottent les mains.  En Angleterre par exemple, la Barclays Premier League, le championnat de football réalise des rentrées incroyables grâce aux droits télé. Pour la période 2016-2019, les télévisions Sky Sport et British Televison ont dépensé près de sept milliards d’euro soit quatre mille cinq cents milliards de Fcfa pour avoir le feu vert sur la retransmission des matchs du championnat. Mais la politique de la Premier League est de redistribuer ces ressources aux clubs contrairement à la Caf.
La Confédération africaine de football fait une distribution très peu généreuse des revenus tirés des droits télé. La Cote d’Ivoire, qui a remporté la dernière édition n’a touché que cinq cent millions de Fcfa alors que la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne a dépensé 900 millions pour diffuser la compétition. En outre, le prix des droits télé pour la coupe du monde de football est trois fois moins cher que ceux de la coupe d’Afrique.

La rencontre de Dakar d’hier a débouché sur un accord entre les 25 organismes membres de l’Uar. Désormais aucune télévision n’est habilitée à négocier seule l’acquisition des droits télé. Un mandat a été donné à l’Uar de négocier pour les quatre zones géographiques d’Afrique. Ce nouveau schéma a de fortes chances de contribuer à une baisse significative des prix des droits télé. L’histoire à montrer qu’à chaque fois que des négociations individuelles sur l’acquisition des droits de retransmission télé ont été menées on a assisté à des surenchères. C’est ce qu’à relater Eric Maitrot dans son ouvrage Sport et télé, les liaisons secrètes. L’ancien directeur des études de l’Ecole Supérieur de Journalisme de Lille a montré dans cet ouvrage la concurrence acerbe des télévisions à partir du milieu des années 90, pour la diffusion du sport à la télé. Cette rivalité avait conduit à une augmentation exponentielle des prix des droits de toutes les grandes compétions sportives mondiale.

Ainsi en fédérant leur forces les télévisons membres de l’Uar ont mis tous les moyens de leur côté pour obtenir gain de cause dans l’optique d’avoir des droits télé abordables pour l’ensemble des diffuseurs de la Can en Afrique.

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